Encore quelques perturbations

Après 17 longues semaines de vol avec de nombreuses perturbations et trous d'air, j'ai ressenti une accalmie, mais celle-ci ne fut que de courte durée. Les orages reprenant le contrôle ce soir, le vol a de nouveau connu une nouvelle perturbation. Surprise par cette tempête, je n'ai pu contrôler la violence de ce tango aérien. Bousculée et secouée, le commandant de mon organisme continue de subir les aléas de ce vol et de ce voyage.

Les semaines passent et semblent se ressembler. Les accalmies me permettent de temps à autres de m'offrir une escale ou un déjeuner mais la violence du voyage me rappelle sans cesse la réalité de la situation.

Cependant, malgré les intempéries, mon ventre s'arrondit mais cela ne peut me ravir lorsque je constate les difficultés que je dois rencontrer pour arriver à bon port. 

Les jambes douloureuses, les déplacements ne peuvent se faire sans encombre. Je ressens une tension au niveau des mollets mais également jusqu'à la plante des pieds. Mes semelles n'y font rien. Je tente de trouver une position agréable lorsque j'attends mon tour dans cette file d'attente mais n'y parviens.

Agripée aux supports publicitaires, j'essaie de reposer mes pieds mais la douleur traître et lancinante refuse de s'effacer. Le temps me semble si long. J'esquisse un sourire à cette femme juste devant moi. J'ignore si elle a compris la raison de mes contorsions. Je voudrais qu'elle ait compris mais refuse qu'elle le comprenne.

Cette maladie est si étrange. Les uns la bénissent, les autres l'ignorent. Si certaines voudraient hurler ce bonheur, ce miracle, quant à moi mes lèvres restent scellées et ne parviens à en parler. Je déplore la réaction et le ressenti de ces hommes et de ces femmes. Il y a toujours les mots traditionnels de félicitations. Mais en quoi puis-je être félicitée ? Peut-être devraient-ils féliciter la sage femme qui a introduit les paillettes ou bien le biologiste qui a analysé mes examens ? Je ne comprends ces expressions.

Puis il y a ceux qui ont compris mais gardent ce silence bienveillant. Ils ont compris et savent que cette étiquette de porteuse de vie ne résume en rien la personne que je suis. Ils ont compris ce voyage que j'entreprends, les vagues et les tempêtes mais ils ont également compris que ce voyage est avant tout un voyage en solitaire.